jeudi 18 septembre 2014

Récupération

La grande interrogation après Vichy : à quelle vitesse vais-je récupérer ?
Et bien bonne surprise, j'ai l'impression de retrouver ma forme rapidement.
J'ai réussi à reprendre immédiatement le vélotaf, et au bout d'1 semaine, reprise de quelques entraînements qualitatifs, d'abord sur du home-trainer, puis en course à pied.
Bon tout cela reste tout de même fragile : quelques petites sensations douloureuses dans certains gestes ou muscles, mais rien de bien méchant.
Le vrai test à suivre ce week-end, avec la double participation au triathlon de la Baule.
Samedi : le tri-relais, où je ferai la partie vélo sur un parcours de 26km. Autant dire qu'il va falloir envoyer fort, surtout que nous avions terminé (équipe Les Fistargots) 21ème l'an dernier, et que nous réitérons notre objectif d'un top 20.
Et dimanche : triathlon au format M, populaire (800 partants !) et toujours très sympathique en terme d'ambiance. Idéal pour finir la saison.
Si tout cela se passe bien et que le corps supporte, je m'inscrits sur le marathon de Rennes pour fin Octobre avec un doux objectif de 3h10.
A suivre.

dimanche 7 septembre 2014

Challenge Vichy 2014

Vichy, parc omnisport, Dimanche 31 Août, 6h10.

Ca y est. Depuis Vendredi je suis à Vichy. Je suis allé chercher mon dossard, rentré dans l'ambiance de l'organisation à la Pasta party, encouragé ma fille sur son duathlon et ma femme sur la fun run qui porte bien son nom, bien dormi durant cette dernière nuit, déjeuné vers 4h du matin, attendu impatiemment le départ pour le parc, et .... voilà !

Il fait encore nuit et il y a déjà énormément de monde qui s'agite dans le parc.



Mon oncle, mes parents ont fait l'effort de se lever et m'ont accompagné.
Je suis étonnement calme. Très calme même.
Un autre triathlète, Alexandre, voisin de gîte, m'accompagne jusqu'au parc. Il a fait la route du gîte au site de départ avec nous. On discute. Pour tous les deux c'est le le premier format full.
Je rentre enfin dans cet immense parc. Avec 2 choses en têtes : ajouter mes affaires manquantes dans mon sac "Run", et gonfler mes pneus.
Comme un robot, je m'exécute.
Puis je profite un peu de l'ambiance, avant de me concentrer et d'enfiler ma combinaison.
Je vais donner mes affaires restantes dans mon sac d'après course à la consigne située dans le palais du Lac à côté du parc. Le bâtiment est immense. Entre la pasta du Vendredi et ce matin, l'ambiance n'est plus la même. C'est calme malgré le monde.
Le speaker invite les triathlètes à se rapprocher du sas permettant de rentrer dans l'eau. Je m'exécute et me rends compte que mes lunettes de natation que j'avais glissé dans ma combi n'y sont plus. Adrénaline. Impossible de nager sans lunette. Où sont-elles ? Je repasse sur mes pas, mais l'obscurité et l'empressement ne permettent pas de remettre la main dessus. Je panique un peu. Les triathlètes s'amassent dans le sas d'accès au départ. Je rentre en trombe dans le palais du lac, beaucoup d'athlètes du half qui partent 1 heure après y sont au chaud. J'hurle au hasard pour savoir si quelqu'un aurait une deuxième paire de lunettes. Pas de réponse si ce n'est quelques visages compatissants. Ma dernière chance : une éventuelle paire de lunette que je laisse dans mon sac de combinaison. Je redemande mes affaires à la consigne, m'empresse de regarder dans ce fameux sac, et là, gros soulagement. Il y a bien une deuxième paire de lunette. Ouf.
Le soulagement est tel que je reprends le chemin du départ et retrouve un calme profond une fois le gros de la troupe rejoint. Je rentre dans l'eau, aperçois mon père positionné aux avant poste pour prendre des photos, et lui fait des signes pour qu'il me reconnaisse malgré mon déguisement : bonnet, lunette, combinaison. C'est chose faite, j'en profite pour me détendre dans l'eau, en me laissant flotter sur le dos.



Le speaker finit par remettre un peu de pression en égrenant les minutes qui nous séparent du départ. 1min30. Je suis en forme. Confiant. 1min. Ca se rapproche. Envie d'y aller maintenant. AC/DC dans les enceintes. Puis la fameuse corne de brume qui nous libère, enfin.

7h10, Natation. Objectif 1h25.



C'est bien la partie que je redoute le plus. Aucune expérience de nage de 3,8km ou d'1h30 en continu. J'ai décidé de la faire en restant raisonnable sur l'intensité de l'effort et en me concentrant sur tous les aspects techniques que l'on répète toute l'année durant les entrainements club.
Pas de grosse bagarre. Tout le monde semble faire attention à ne pas se taper les uns sur les autres. Bref très différent du départ d'un format M.
J'arrive à "bien nager", c'est à dire à me concentrer sur les différents aspects importants de ma nage. L'orientation est facilitée par le nombre de bouées. Et le jour est maintenant bien levé.
Je vais faire tout l'aller du premier tour à côté d'un canoé gonflable qui transporte un enfant, tracté par son père. Respect. Il nage aussi vite que moi. Ou aussi lentement. En tout cas, cela me permet de faciliter mon orientation.
Je remarque ensuite des montgolfières partout dans le ciel. Il y a un rassemblement sur le week-end, et ils ont décidé d'agrémenter le départ du triathlon. C'est superbe. Certaines viennent même frôler le plan d'eau, avec l'inertie et le silence qui les caractérisent. Cela renforce l'impression de calme du plan d'eau. Et avec tout cela, le 1er tour semble passer vite. Même si j'ai l'impression de ne plus avoir beaucoup de monde autour de moi. Est-ce que je vais trop lentement ? Je rattrape quelques bonnets bleus partis dans la première vague, 10 min avant nous. Ca me rassure.



Puis direction sortie à l'australienne. J'ai toujours l'impression que l'on en finit pas de se rapprocher du rivage lorsqu'on l'a en ligne de mire. Comme si les derniers mètres étaient plus longs.
Je sors. Regarde ma montre, et là surprise : 37min quand je m'attendais à en voir 40. Cooooool.
Je cherche du regard mes parents durant les quelques mètres de la sortie Australienne, mais je ne les vois pas. Il y a vraiment beaucoup de monde, et une belle ambiance. Allez, j'y retourne. Je me jette dans l'eau, laissant à d'autres les beaux plongeons.
La bouée des 2000m est à portée de bras. Moitié de la natation, et je vais bien. Pas de lassitude, et le physique suit. Je continue à essayer de "bien nager". Tout aurait pu aller pour le mieux si la deuxième péripétie de la journée n'était pas arrivée. Je prends un coup sur le bras, et immédiatement, je me rend compte que quelque chose cloche. Je passe la main sur mon avant bras. NON ! Ma montre s'est détachée. Elle n'est plus là ! C'est ma seule montre qui me sert également pour le vélo et la course à pied. Je suis super énervé. Tout le vélo sur lequel j'avais prévu un protocole alimentaire basé sur le chrono, un effort sur la puissance et la vitesse moyenne. Et puis l'allure au marathon. Comment vais-je faire maintenant que je suis totalement à l'aveugle. Après quelques minutes je me remobilise. Pas question d'y laisser trop d'énergie. Je repose ma nage. Et commence à réfléchir aux moyens de surmonter cela. Pour le vélo, pas le choix, je vais devoir faire la première boucle, 90km, aux sensations et en demandant aux autres. Pour la suite, je peux peut-être récupérer la montre de course de ma femme. Il faut que j'arrive à prévenir mes parents lors de la transition vélo. Allez, nage, nage. Profite des montgolfières. 3000m. Ca sent la fin de la natation. C'est fort. La partie que je redoutais le plus semble donc se finir. Plus que 800m. L'arrivée se rapproche. Je me hisse sur le rivage. Enlève de suite ma combi, et court vers mon sac "Bike" et la tente de transition. Aucun problème d'équilibre comme je peux en avoir après la nage, tout fonctionne correctement. Par contre pas d'idée du temps final natation, il faudra que je me renseigne dès le départ vélo.
Enormément de monde dans la tente. Je suis dans le paquet. Bon signe. Je finis d'enlever ma combi, récupère mes barres et gels pour les mettre dans mes poches, je boucle le casque, range le tout dans le sac, et GO. Transition éclair : j'ai gagné 65 places.
Je récupère le vélo, arrive à la sortie du parc et monte sur ma monture. J'aperçois mes parents. Tout juste le temps de les mettre au courant de ma mésaventure : "Perdu ma montre, si vous pouvez récupérer la montre de Mélanie !". Et je file. Même pas eu le temps de leur dire que j'allais bien. Vraiment bien. Je m'en veux un peu.

8h28, Temps Natation : 1h18'11'' - 409ème temps - 2'03'' au 100m
8h32, Temps Transition : 4'20'' - 124ème temps - Position 344 - Gain 65 places



8h32, Vélo. Objectif : 5h50.

A peine parti sur le vélo, je perds mon bidon contenant l'équipement de réparation. Le début est jonché de bosses provoquées par les racines des arbres. Un spectateur commence à rassembler mon matériel qui s'est étalé partout. Par contre, le couvercle du bidon est cassé. Je coince le tout et remet le bidon sur le vélo. C'est reparti. Décidément, je commence à me poser des questions sur l'enchainement de mes mésaventures. J'espère que cela va stopper.
Je rattrape un cycliste et me met à sa hauteur pour lui demander l'heure. Bien sur, avec son chrono ultra perfectionné, il a tout sauf l'heure. Je demande à des spectateurs, contents de me répondre. "8h35". Ah, 8h35. Je suis parti à 7h10. Il est 8h35. Je réalise alors que j'ai de l'avance. Entre 5 et 10 minutes d'avance. C'est énorme. S'il y a bien un endroit où je pensais être juste c'était la nage. Alors 10 minutes, ca redonne la patate. Et fort.
Allez, je me lance vraiment dans ce vélo. Je vais demander régulièrement l'heure et le kilométrage. Pour vérifier que je ne fais pas n'importe quoi. J'appuie raisonnablement sur les pédales. Avec la puissance mémorisée à l'entrainement. Je me dit que ca doit être à peu près cela. Le premier tour de 90km passe vite, très vite. Pas le temps de s'ennuyer. De nombreux cyclistes sur la route avec les athlètes du half qui nous reprennent comme des bolides. Mon pote de club, Julien, me passe également. Je lui raconte mes aventures. Puis il repart. Il a l'air à l'aise. Et ça continue comme ça. Le parcours parait vraiment facile. Pas de grosse bosse quelques faux plats et descentes qui permettent de se détendre. Les ravitaillements sont top. On sent que les bénévoles font tout ce qu'il faut pour que l'on attrape ce dont on a besoin. Je m'alimente toutes les 1/2 heures comme prévu, et boit régulièrement. Sans montre, j'arrive quand même à respecter une régularité suffisante sur l'alimentation. Je suis un peu surpris par certaines gourdes très peu dosées et d'autres très dosées. Ca doit s'équilibrer !
Le parcours est sympa. Des villages, de longues routes dans les champs, et une vue sur le Massif Central.
Le retour sur Vichy se fait sur des routes plus importantes avec un peu de circulation. J'arrive à l'embranchement permettant de rejoindre l'arrivée ou de partir pour le 2ème tour. Je sais que je vais voir mes supporters sur ce début de 2ème tour, et ça me booste. Je me sens vraiment bien.
Enfin je les vois dans la fameuse côte de Bellerive. Ils sont en formes ! La encore je me préoccupe de ma montre. Un peu plus loin me dit-on. Et là je répare mon oubli de tout à l'heure et leur indique que je vais bien. Très très bien. Je continu à monter et croise Nono qui me donne enfin cette fameuse montre. Finalement, je ne l'utiliserai pas sur le vélo pour préserver la batterie pour le marathon. Je continue comme au premier tour.

























Cette boucle se vit différemment. Beaucoup moins de monde. Les athlètes du half sont rentrés au parc. Les distances entre les concurrents deviennent importantes. Vers le 120ème km je vais commencer à marquer le coup. Si je garde un bon rythme, les jambes commencent à se faire sentir. La position aéro que je m'emploie à garder depuis le début devient plus difficile à tenir : le cou et le haut du dos commencent à faire mal.
C'est à ce moment, que je prends réellement conscience de la course que je suis en train de vivre. Il me reste 60km, un peu moins de 2 heures de vélo. Ce n'est pas rien. Et derrière le marathon m'attend. C'est énorme. Mais je sais au fond de moi que ça va bien se passer. Les incidents de début de course sont désormais loin, et tout va bien.
Je rattrape quelques cyclistes sur ce 2ème tour. Comme au global, je ne gagne ni ne perds de place sur le vélo, j'ai dû me faire doubler sur le premier tour. Je commence à attendre l'arrivée avec impatience. J'essaye de reconnaitre le parcours, les repères issus du premier tour. Le panneau "Bellerive sur Allier" vient mettre du baume au coeur. Ca y est. Le parc n'est plus qu'à quelques kilomètres. Enfin, le voilà.

14h13, Temps Vélo : 5h40 - 31,5 km/h -  336ème temps - Position 345 - Perte d'1 place.

Je pose le pied à terre. Et je commence à courir à côté du vélo. Heureux, car les jambes répondent présentes. Je me sens très bien. Bonne foulée. Décontracté. Je pose le vélo et rejoins la tente de transition où j'échange mon cuissard contre un short plus léger et mieux adapté à la course à pied.
Et c'est parti.



14h16, Temps Transition : 3'50'' - 124ème temps - Position 331 - Gain de 14 places.

A ce moment là, j'ai 14 minutes d'avance sur mon objectif de 11h30. C'est significatif. Mais le marathon est une épreuve qu'il faut aborder avec humilité. Et malgré ma montre de secours, je vais en manquer sur tout le premier semi. Je pars, malgré moi sur une allure canon de 4'45 au kilo. Je vais bien me dire d'être plus raisonnable, en revenant à 5'00 au kilo, mais je suis parti tellement haut, que je ne me rend pas compte que 5' au kilo reste bien trop élevé. Ca donnerait un marathon à 3h30, ce qui est juste trop ambitieux.

























Ce n'est pas grave, je vais profiter au max du premier semi. Le parcours est magnifique. Et surtout, mes supporters m'attendent à un endroit stratégique leur permettant de me voir 2 fois par tour. Et leurs encouragements sont efficaces. Ils font du bruit, cela me porte. Avant, pendant et après. L'impact est énorme.


Je rattrape Julien durant le 1er tour. Il a l'air d'être dans le dur. Le marathon s'annonce long mais il tiendra bon.
Puis les tours se suivent. L'alimentation reste nominale sur le 2ème tour. Les supporters toujours en forme, hormis mon petit Corentin en train de se réveiller lors de mon deuxième passage. Je n'ai pas pu résister à l'envie de lui faire un gros bisou.

La partie de parcours qui passe dans le centre est très sympa. Vichy est une belle ville. Et le ravitaillement sous les arcades est animé par une équipe motivée et déjantée.
Logiquement je commence à rentrer dans le dur au semi-marathon. Un peu tôt. Mais je paye mon 1h45 sur la première moitié, bien trop rapide. Il va falloir limiter les dégâts. Cela ne ressemble pas au mur du marathon. C'est plutôt une fatigue générale. L'alimentation devient plus délicate. J'essaye un peu de tout, mais ça ne passe plus vraiment. Par contre, les jambes continuent à faire avancer la machine. Je n'ai pas besoin d'aller chercher trop loin pour ne pas marcher. Même si l'allure n'y est plus, il n'y a pas de gros craquage.
Le dernier tour va être plus simple ... parce que c'est le dernier. Et je décide d'en profiter. Dernière fois que je passe sur le pont de Bellerive, dernière fois dans le centre, et .... l'arrivée approche. Il va falloir en profiter.
J'aperçois, mes 2 grands, Nathan et Marion, prêts à en découdre sur les derniers mètres avec moi. On finira, en se tenant la main, tous les 4 avec Mélanie, avec le bonheur qui déborde de partout.
11h03. Chrono inenvisageable le matin même. Je ne réalise pas vraiment sur le coup.  Pas de larme comme cela à pu m'arriver sur marathon, mais plutôt un bonheur profond et zen. J'ai envie d'en profiter et je reste quelques instants juste derrière la ligne, pour profiter.

18h14, Arrivée, Temps Marathon : 3h57 - 162ème temps - Position 210 - Gain de 121 places.





Forcement, je remercie de tout mon coeur, tous ceux qui ont fait le déplacement pour partager une partie de cette journée. Ca apporte beaucoup, vraiment.



Et en bonus, la vidéo diffusée le soir même par l'organisation, et qui relate bien l'ambiance de cette journée. On y voit notre arrivée vers 11'46 !


Et à bientôt, pour de nouvelles aventures, ça c'est sûr !